Article originalCheck-list « Sécurité du patient au bloc opératoire » : une année d’expérience sur 40 000 interventions au centre hospitalier universitaire de NiceCheck-list “Patient Safety” in the operating room: One year experience of 40,000 surgical procedures at the university hospital of Nice
Introduction
Malgré tous les progrès accomplis au cours des 20 dernières années, la sécurité des soins au bloc opératoire reste, en 2011, un sujet essentiel pour tous : professionnels de santé, gestionnaires des établissements et bien sûr, au premier chef, les patients. Une revue systématique de la littérature a récemment montré qu’un patient sur 150 admis en établissement hospitalier mourrait des conséquences d’un événement adverse, et que deux fois sur trois, il survenait dans le cadre d’une prise en charge chirurgicale [1]. La mise en place de la check-list « sécurité du patient au bloc opératoire » (CL) est un des programmes ayant démontré de manière convaincante son efficacité pour diminuer la morbi-mortalité périopératoire [2], [3], [4]. Elle s’intègre dans la dynamique de notre spécialité en termes de sécurité des soins et de développement de la culture sécurité au bloc opératoire en favorisant la standardisation et la communication [5], [6], [7]. Depuis le 1er janvier 2010, c’est une des exigences de la Haute Autorité de santé (HAS) dans le cadre de la démarche de certification des établissements de santé ; c’est aussi un des programmes proposés par les organismes agréés d’accréditation des équipes médicales exerçant une spécialité à risque. Dès février 2009, suite à un presque-accident survenu dans le cadre de la chirurgie d’urgence, nous avons mis en place, au centre hospitalier universitaire (CHU) de Nice, une CL « locale », remplacée quelques mois après, par celle proposée par la HAS. La décision d’informatiser cette CL s’est rapidement imposée afin de suivre son implantation et de proposer des informations et formations ciblées afin de faciliter son appropriation par les professionnels. Nous avons aussi réalisé un audit des pratiques de renseignement de la CL, ainsi que des évaluations périodiques de façon à connaître plus précisément les attentes et le ressenti des équipes médicale et soignante.
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Contexte et déploiement de la check-list sur l’ensemble des blocs opératoires
Dans notre établissement sont réalisés chaque année près de 40 000 actes de chirurgie dans deux blocs centraux et cinq blocs « pavillonnaires ». En février 2009, la survenue d’un presque-accident (erreur d’identité) dans le bloc opératoire dédié aux urgences a été le facteur déclenchant pour l’implantation « locale » de la CL lancée en juin 2008 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans le cadre du programme « Safe surgery saves lives ». Le document de travail du groupe national
Évaluation de l’implantation de la check-list
Après plus de six mois de mise en place, nous avons réalisé une première évaluation des taux d’exhaustivité du renseignement de l’ensemble des items. La progression était encourageante, mais des marges de progression persistaient sur plusieurs items. Une formation du personnel a été réalisée de manière ciblée et a permis d’améliorer l’exhaustivité du taux de remplissage de la CL (Tableau 1). Nous avons inclus le suivi, parmi les CL à exhaustivité conforme, d’un nouvel indicateur qui est le
Intérêt de la check-list, informatisation et évaluation
Les données récentes de la littérature confirment l’intérêt de la CL pour diminuer les complications postopératoires et la mortalité [2], [8], [9], [10], [11], [12], [13]. Elle permet aussi de réduire les risques lors de la prise en charge d’un patient au bloc opératoire (risque d’erreurs d’identité et/ou de côté y compris en anesthésie [14], [15], risque de discordance entre le matériel disponible et nécessaire, risque lié à un dossier incomplet ou à un manque d’information…). Elle présente
Les étapes suivantes et les perspectives
L’impact de la CL sur la morbimortalité est difficilement mesurable en routine dans notre établissement. Tous les presque-accidents ne sont pas déclarés. Les résultats finaux, notamment le suivi des infections des sites opératoires déjà suivi, peuvent être améliorés par les autres programmes mis en œuvre [17]. La CL participe à l’évidence au développement de la « culture sécurité » au sein des équipes du bloc opératoire, mais cela est difficile à apprécier de manière objective, malgré
Conclusion
La check-list « sécurité du patient au bloc opératoire » a été mise en place sur l’ensemble des blocs opératoires de notre établissement après la survenue d’un presque-accident. Il nous a semblé très rapidement nécessaire d’intégrer cette CL au formulaire « gestion bloc » et au dossier patient informatisé. L’informatisation permet un suivi de l’exhaustivité des différents items et la mise en place d’actions de formation et d’informations ciblées. Cette démarche a été complétée par un audit de
Déclaration d’intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.
Références (17)
Un tsunami pour la sécurité au bloc opératoire
Ann Fr Anesth Reanim
(2009)La ckecklist opératoire est-elle un progrès significatif ?
Ann Fr Anesth Reanim
(2009)Qualité et sécurité des soins : une évolution ou une révolution culturelle
Ann Fr Anesth Reanim
(2009)- et al.
Erreur d’injection de médicament en anesthésie réanimation : prévention multimodale et contrôle individuel
Ann Fr Anesth Reanim
(2009) Standardisation-communication : deux cibles pour la sécurité des soins
Ann Fr Anesth Reanim
(2009)- et al.
Erreur de côté d’un bloc iliofascial pour une fracture du col fémoral
Ann Fr Anesth Reanim
(2010) Erreur de côté en anesthésie locorégionale : une réalité
Ann Fr Anesth Reanim
(2010)- et al.
Comprendre la notion de détrompage
Ann Fr Anesth Reanim
(2011)