Article original
Check-list « Sécurité du patient au bloc opératoire ». Quels acquis, quelles perspectives, un an après son implantation en FranceOne year implemention of the safe surgery checklist in France, what has been achieved so far, what could be improved?

https://doi.org/10.1016/j.annfar.2011.04.007Get rights and content

Résumé

Malgré les importants progrès accomplis au cours des dix dernières années, la sécurité des patients au bloc opératoire reste un sujet de première importance pour tous : professionnels, institutionnels et bien sûr, patients. Dans ce cadre, la Haute Autorité de santé (HAS) a mené une réflexion avec les professionnels travaillant au bloc opératoire. Ce travail a abouti à l’adaptation d’un outil ayant démontré, de manière convaincante, son efficacité pour réduire la morbimortalité périopératoire : la check-list « Sécurité au bloc opératoire » de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Afin de promouvoir cet outil d’amélioration de la sécurité des soins, la HAS l’a rendu exigible dans le cadre de la procédure de certification des établissements de santé, à partir du 1er janvier 2010 ; de même, les organismes agréés d’accréditation sont partenaires pour la promotion de ce programme. Un an après sa mise en œuvre, la HAS tire un premier bilan des acquis et des perspectives de l’utilisation des check-lists.

Abstract

Despite important advances accomplished during the last ten years, patient safety in the OR remains a subject high on everyone's priority list: healthcare professionals, organisations and of course, patients. In this setting, the French National Authority for Health (Haute Autorité de santé, HAS) conducted a study with the scientific societies of professionals working in the OR. This study resulted in the adaptation of a tool which has already demonstrated, in a convincing manner, its efficacy in reducing perioperative morbimortality: the World Health Organisation's (WHO) “Surgical Safety Surgery” checklist. In order to promote its, HAS integrated this important tool for improving patient safety into the framework of its certification process of health care organisations beginning in January 1, 2010. Additionally, the organisations receive HAS certification are partners for the programme's promotion. One year after its institution, HAS is undertaking its first evaluation of the lessons and perspectives from the checklist's utilisation.

Introduction

Malgré les importants progrès réalisés au cours des 20 dernières années [1], le problème de la sécurité des soins au bloc opératoire reste un sujet prioritaire pour les professionnels de santé travaillant dans ce secteur et aussi pour les institutionnels. Ainsi, en France, sur les quelque 6,5 millions d’interventions chirurgicales réalisées chaque année, le nombre événements indésirables graves survenant dans la période périopératoire serait de l’ordre de 60 à 95 000 par an – la moitié de ces complications étant considérée comme évitables [2].

De nombreux programmes et procédures spécifiques sont mis en œuvre au quotidien dans les établissements, pour améliorer la sécurité des soins. Dans ce but, il a été proposé d’utiliser, comme en aéronautique ou dans l’industrie, des check-lists dont l’efficacité a été démontrée d’abord pour les voies veineuses centrales [3] et plus récemment pour les interventions chirurgicales : ainsi, la désormais « célèbre » Surgical Safety Checklist de l’OMS a permis, dans une étude internationale convaincante, de réduire de manière significative la morbimortalité périopératoire [4].

La question de l’amélioration de la sécurité au bloc opératoire est au cœur des missions de la HAS : la procédure de certification V2010 apprécie au niveau du critère bloc opératoire, les mêmes points clés que le programme OMS, et au vu de l’efficacité ainsi démontrée de cet outil, la HAS a souhaité promouvoir l’utilisation d’une check-list adaptée au contexte français. De même, les organismes agréés pour l’accréditation des médecins exerçant une spécialité à risque ont engagé une réflexion interspécialités sur les prérequis opératoires non ou mal remplis dès décembre 2008 et recommandent depuis plusieurs mois, l’utilisation de cette check-list adaptée.

Section snippets

Mise en œuvre en France de la check-list

Depuis la publication princeps [4], le bénéfice global de l’utilisation d’outils type check-list a été confirmé par d’autres travaux [5], [6]. En effet, outre le renforcement de l’effet d’actions déjà existantes et la vérification structurée de critères essentiels, l’outil check-list est un vecteur puissant d’amélioration de la communication entre les membres de l’équipe opératoire, et est de nature à renforcer la culture de sécurité au bloc opératoire.

Dans ces conditions, la HAS a souhaité

Douze mois d’utilisation de la check-list

Il semble que la plupart des établissements français ont mis en œuvre la check-list depuis le 1er janvier 2010, voire même dans les mois précédents. De nombreux établissements ont rapidement informatisé la check-list facilitant le renseignement des critères sur le formulaire du bloc opératoire, le suivi de la diffusion de la check-list dans l’établissement, et finalement l’appropriation par les professionnels, permettant notamment l’identification des secteurs pour lesquels étaient nécessaires

Quels acquis pour la (les) check-list(s)

« Checklists are hot » c’est ainsi que débute un éditorial récemment publié dans une célèbre revue américaine [8]. Les check-lists sont des outils indiscutables en aéronautique ou dans l’industrie, mais la démonstration de leur efficacité en médecine, récemment démontrée dans des études cliniques de bonne qualité, a entraîné une intense exposition médiatique professionnelle et aussi grand public. Les professionnels de santé, y compris les plus sceptiques, reconnaissent que les check-lists

Quelles perspectives pour la (les) check-list(s)

Les professionnels de santé, sous l’œil attentif des institutionnels et des usagers de santé doivent absolument s’impliquer dans cette réflexion, et au premier rang, les chirurgiens et anesthésistes, dont le leadership au bloc opératoire est une évidence.

De nombreux professionnels travaillant au bloc utilisent au quotidien la check-list, parfois motivés par la survenue d’un événement indésirable grave (type erreur de coté), ou le plus souvent convaincus par le message porté conjointement par la

Conclusion

La France, malgré les importants progrès enregistrés en matière de sécurité des soins au cours des dernières années, ne pouvait rester en dehors de l’initiative du programme OMS ; par ailleurs l’outil choisi, la check-list complétait parfaitement le travail effectué au cours des deux dernières années dans le cadre de la certification V2010 des établissements de santé et de l’accréditation des spécialités à risque. L’avantage de la check-list de l’OMS était de fournir un outil simple et valide.

Déclaration d’intérêts

L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

Références (8)

  • A. Lienhart et al.

    Survey of anesthesia-related mortality in France

    Anesthesiology

    (2006)
  • Enquête nationale sur les événements indésirables liés aux soins (ENEIS)...
  • P. Pronovost et al.

    An intervention to decrease cathether-related bloodstream infections in the ICU

    N Engl J Med

    (2006)
  • A.B. Haynes et al.

    A surgical safety checklist to reduce morbidity and mortality in a global population

    N Engl J Med

    (2009)
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Cited by (16)

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